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Grand investisseur: Robert Heilbrunn

En 1929, à la veille du crash, peu après que Robert H. Heilbrunn (1908-2001) se soit inscrit à la Wharton School, son père meurt. Il quitte l'école pour reprendre la direction de l'entreprise familiale de commerce du cuir, son père avait également laissé un portefeuille d'investissement composé d'actions et d'obligations. Heilbrunn n'a aucune expérience de la gestion de l'argent.

Pour mieux comprendre, il s'est inscrit à des cours donnés par la bourse et par l'université de New York. Mais ces cours ne lui fournissaient pas le genre d'informations pratiques dont il avait besoin. Il se souvint que son père lui avait parlé d'un conseiller en investissement qu'il connaissait et en qui il avait confiance, un homme du nom de Ben Graham. Il prend contact avec Graham.

Il demanda à Graham de devenir son conseiller en investissement et l'aide à gérer son portefeuille. Graham a accepté, mais a dit à Heilbrunn qu'il y aurait des frais de 25 dollars par mois. Heilbrunn, reconnaissant une bonne affaire quand il en voyait une, a accepté.


En 1934, Graham et Dodd publient leur livre Security Analysis. Heilbrunn en fut tellement impressionné qu'il s'inscrivit au cours de Graham à Columbia.

Heilbrunn a pu travailler avec Graham et comprendre ses méthodes d'évaluation de divers titres. Ensemble, ils ont acheté un grand nombre d'obligations et d'actions à des prix très réduits, puis les ont vendues à leur valeur intrinsèque pour réaliser un bénéfice.


Heilbrunn a apporté une innovation dans le domaine de l'investissement dans la valeur: se concentrer sur une action par rapport à elle-même ! Habituellement, les analystes comparent le ratio cours/bénéfice ou le ratio cours/valeur comptable d'une action avec celui d'autres entreprises de son secteur ou de son indice. Cela peut occulter le fait que des actions se négocient à bas prix, si l'ensemble du secteur ou de l'indice est déprimé. C'est pourquoi Heilbrunn s'est intéressé au P/E d'une action par rapport à son P/E historiques, plutôt que par rapport à d'autres entreprises, ainsi qu'a son dividende.

La stratégie d'investissement basée sur ces informations consiste à acheter des actions lorsqu'elles se négocient dans la partie inférieure de la fourchette du cours/bénéfice historique et dans la partie supérieure de leur fourchette du rendement des dividendes, ou les deux.


Cette approche permet de contrôler les émotions qui peuvent fausser le jugement sur un investissement, que ce soit l'exubérance engendrée par un marché à la hausse que le désespoir occasionné par un marché a la baisse. Elle donne une discipline pour acheter des actions - lorsqu'elles sont bon marché - et, encore mieux, une discipline pour les vendre - lorsqu'elles sont chères. 

Dans un paragraphe encore plus opportun aujourd'hui que lorsqu'il l'a écrit initialement, Heilbrunn a lancé une mise en garde :

Un sentiment d'optimisme excessif sur les marchés haussiers est un sentiment contre lequel l'investisseur professionnel comme l'amateur doivent se prémunir très soigneusement, car il est généralement reconnu qu'ils (les deux) sont influencés par l'énorme quantité de sentiment haussier véhiculer dans les articles de journaux et de magazines, les discours, les rapports, les analyses qui émanent du secteur financier. 

Cette déclaration ne doit en aucun cas être interprétée comme une critique des analystes, mais étant humain, et c'est probablement un inconvénient dans cette profession, il est soumis aux mêmes pressions psychologiques que tout le monde.


Plus tard, Heilbrunn a investi son argent non pas dans des entreprises, mais dans d'autres investisseurs dans la valeur. Il a pu prendre une retraite confortable en investissant dans des fonds celui de Warren Buffett (un an seulement après avoir formé son partenariat), de Walter Schloss et de Graham lui-même.


Sélection Heilbrunn

  • Sélection de valeur ayant un PE inférieur au PE moyen de l'entreprise sur 5 ans et inférieur à la moyenne du marché.
  • Sélection de valeur ayant un taux de dividende supérieur au taux moyen de l'entreprise sur 5 ans et supérieur à la moyenne du marché.

Un petit PER permet de sélectionné des entreprises du type "Value" et un bon dividende des entreprises de qualité.




3 commentaires:

  1. Bonjour Patrick,

    merci pour la présentation de M. Heilbrunn dont j'ignorais l'existence et merci pour vos articles plus généralement, toujours agréables à lire et pleins de bon sens.

    Si on relie les actions indiquées en dessous à l'article, on pourrait en conclure que Frontline est un bien meilleur investissement qu'Euronav (PER plus faible et historiquement plus décoté, rendement du dividende historiquement élevé). Or, jusqu'à peu, vous aviez de l'Euronav dans votre portefeuille et pas de Frontline. Est-ce à cause d'autres éléments (dette, flotte différente,...) que vous aviez fait un choix lui aussi différent ? Est-ce que cumuler les 2 aspects est finalement un handicap ?

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  2. Bonjour Viga,

    La réponse à votre commentaire étant top longue, j'en ai fait un article:
    Eléments de comparaison entre Euronav et Frontline: https://ratioratingranking.blogspot.com/2021/02/elements-de-comparaison-entre-euronav.html

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  3. Merci beaucoup pour toutes ces informations !
    Je ne connais pas bien ce secteur d'activité mais j'y ai investi, avec des hauts et des bas, notamment dans Frontline et Euronav, car je pense aussi (avec moins de faits que dans votre article) que le rebond va venir avec la reprise des échanges. Ca éclaircit un peu ma vision de béotien !

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