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Jakob Fugger, l'homme le plus riche de son temps

 


Jacob Fugger par Albrecht Dürer, vers 1519..

Jakob Fugger (1459-1525), surnommé « Jakob Fugger le Riche », est considéré comme l’un des plus grands financiers de la Renaissance. Sa fortune est le résultat d’une combinaison d’innovation bancaire, de monopoles miniers et d’une proximité politique avec les puissants de son époque (notamment les Habsbourg). Voici comment il a bâti son empire :




1️⃣ Origines marchandes

  • Né à Augsbourg dans une famille de drapiers, Jakob Fugger hérite d’une entreprise commerciale déjà prospère dans le textile.

  • Il élargit très vite le commerce familial vers l’Italie (Venise, Milan), apprenant les pratiques financières modernes (lettres de change, comptabilité en partie double).

2️⃣ Banque et crédit aux souverains

  • Fugger se spécialise dans le financement des princes et du pape.

  • Il prête de l’argent contre des concessions minières, des droits de douane ou des revenus fiscaux en garantie.

  • Il devient ainsi le banquier principal des Habsbourg (Maximilien Ier, puis Charles Quint), finançant par exemple l’élection impériale de 1519.

3️⃣ Monopoles sur les mines

  • En échange de ses prêts, il obtient des droits exclusifs d’exploitation sur des mines d’argent, de cuivre et de mercure dans le Tyrol, en Hongrie et en Espagne.

  • Il contrôle une part énorme du commerce européen du cuivre et de l’argent, matières premières cruciales pour la frappe de monnaie.

4️⃣ Contrôle des flux commerciaux

  • Il organise un réseau international d’agents et de comptoirs (Augsbourg, Venise, Anvers, Lisbonne, Séville).

  • Cela lui donne accès aux métaux précieux du Nouveau Monde via l’Espagne et au commerce avec l’Orient.

5️⃣ Innovation et discipline

  • Fugger adopte des pratiques bancaires modernes : tenue de livres centralisée, lettres de crédit, diversification géographique.

  • Il insiste sur des contrats écrits, la discipline financière et la fiabilité du remboursement — une nouveauté par rapport au crédit médiéval plus informel.

6️⃣ Philanthropie stratégique

  • Avec sa fortune, il fonde la Fuggerei à Augsbourg, le plus ancien ensemble de logements sociaux du monde encore en activité.

  • Cela consolide son image et son influence locale.


Le « cœur du moteur » Fugger, ce n’était pas juste de prêter de l’argent comme un banquier classique, mais d’utiliser les prêts comme levier pour obtenir des droits sur des ressources physiques (mines, taxes, monopoles).


1️⃣ Le besoin d’argent des princes

  • Au début du XVIᵉ siècle, les souverains (comme Maximilien Ier ou Charles Quint) dépensent énormément : guerres, administration, campagnes électorales (élection impériale).

  • Les recettes fiscales ne suffisent pas et les impôts sont lents à percevoir → besoin urgent de liquidités.

2️⃣ L’offre Fugger

  • Fugger avance des sommes énormes (parfois plusieurs centaines de milliers de florins) aux princes et rois.

  • Il le fait rapidement et discrètement, là où les États médiévaux n’avaient pas de banque centrale.

3️⃣ Les garanties « en nature »

Plutôt que d’attendre un remboursement incertain en espèces, Fugger exige des contreparties tangibles :

  • Concessions minières : droits exclusifs d’extraction d’argent, cuivre, mercure.

  • Revenus futurs : taxes sur le sel, douanes, revenus ecclésiastiques.

  • Monopoles commerciaux : par exemple sur l’importation d’épices ou de métaux.

Ces concessions lui garantissent des flux réguliers pendant des années, souvent plus rentables que l’intérêt du prêt lui-même.

4️⃣ Intégration verticale

  • Fugger ne se contente pas d’un droit d’extraction ; il contrôle aussi la transformation et la vente :

    • Exploitation des mines (avec des ingénieurs et mineurs sous contrat).

    • Raffinage et transport du métal.

    • Vente sur les marchés européens via ses propres comptoirs.

Ainsi, il transforme une dette princière en monopole industriel intégré.

5️⃣ Influence politique

  • En finançant Charles Quint pour son élection impériale en 1519 (environ 850 000 florins), Fugger obtient en retour la confirmation et l’expansion de ses monopoles.

  • Cela lui permet de verrouiller son avantage compétitif face aux autres banquiers.

6️⃣ Gestion du risque

  • Les créances sur les souverains étaient risquées (banqueroutes fréquentes).

  • Les concessions minières étaient un collatéral productif qui réduisait ce risque : même si le prince ne rembourse pas, le métal sort de la mine et Fugger encaisse.


L'homme le plus riche?

Jacob Fugger est considéré comme l'un des hommes les plus riches de l'histoire, avec une fortune estimée à environ 400 milliards en valeur actuelle. 

Son empire financier gigantesque représentait environ 2 % de la richesse produite en Europe à cette époque. 





 schéma simplifié du système Fugger (flux d’argent et flux de ressources) :


📊 Tableau du mécanisme « prêt ↔ concession »

ÉtapeActeurFlux d’argentFlux de ressources / droitsRésultat pour Fugger
1. Besoin d’argentPrince / EmpereurCherche un financement rapide
2. Prêt initialFugger → Prince💰 Prêt (ex : 500 000 florins)Créance sur le souverain
3. ContrepartiePrince → FuggerConcession minière (argent, cuivre, mercure) ou revenus fiscauxGarantit des flux futurs
4. ExploitationFugger (mines, transport, vente)Investissement en infrastructureMétaux précieux, revenus réguliersMonopole et profits industriels
5. Vente & profitsFugger → Marchés européensMétaux vendus contre espècesEncaissement supérieur au prêt initial
6. Influence politiqueFugger → PrinceSoutien financier (ex : élection impériale)Confirmation des monopolesPouvoir et sécurité contractuelle

🔄 Schéma des flux (simplifié)

Fugger (Banquier)
│💰 Prêt
Prince / Empereur
│🔑 Concessions minières / Revenus fiscaux
Fugger (Exploitation mines)
│📦 Métaux précieux
Marchés européens (Anvers, Venise…)
│💰 Recettes de vente
Fugger (rembourse son prêt + marge énorme)

🔹 Idée clé :
Chaque prêt transformait Fugger en quasi-propriétaire d’un actif réel (mine, taxe, monopole).
Il combinait ainsi :

  • un revenu financier (intérêt du prêt),

  • un revenu industriel (exploitation du métal),

  • et une influence politique (garantie de ses contrats).

🔹 En résumé :

 Fugger a combiné

  • le commerce international,

  • le crédit aux souverains et

  • des monopoles miniers
    pour devenir l’homme le plus riche de son temps. À sa mort en 1525, sa fortune représentait un pourcentage colossal du PIB européen.

Fugger utilisait le crédit non pour percevoir de simples intérêts, mais pour s’approprier les flux de richesse réels d’un État (mines, taxes, monopoles).
C’est une forme précoce de financement adossé à des actifs (asset-backed lending) et d’intégration verticale, très moderne pour l’époque.


CMB.TECH après sa fusion avec Golden Ocean

 


CMB.TECH (BE0003816338 ) est sis à Anvers.

Les actions de CMB.TECH sont cotées sur Euronext Brussels et à la Bourse de New York sous le code unique 'CMBT', les deux places financières sont considérées comme principales, ainsi que sur Oslo Børs.

Historique 

Acquisition de CMB.Tech par Euronav; Euronav était à l'origine issu de CMB (Compagnie Martime Belge); voir non article sur Euronav pour plus de détails.
20 août 2025, fusion avec Golden Ocean

CMB.TECH après sa fusion avec Golden Ocean


🚢 Profil post-fusion : un géant maritime diversifié

  • Flotte combinée : Environ 250 navires, dont 89 issus de Golden Ocean. Répartition : vraquiers, pétroliers, chimiquiers, porte-conteneurs, navires offshore et portuaires.
  • Âge moyen : Seulement 6 ans, ce qui positionne CMB.TECH comme l’un des groupes les plus modernes du secteur.
  • Énergie verte : Plus d’un tiers des navires sont prêts ou équipés pour fonctionner à l’ammoniac ou à l’hydrogène, en phase avec les régulations IMO et FuelEU.
Grâce à une flotte récente et à un programme de construction ambitieux, CMB.TECH offre des options intéressantes pour passer à des carburants à faible teneur en carbone tels que l'ammoniac.

📈 Performance financière Q2 2025

Indicateur
Valeur
Évolution
Chiffre d’affaires
387,8 M USD
+54 % vs Q2 2024
EBITDA
224,1 M USD
Stable
Résultat net
–7,6 M USD
↘️ (vs +184,4 M USD en 2024)
Liquidité
388 M USD
Renforcée
Backlog
2,93 Mds USD
Solide visibilité
CAPEX engagé
1,9 Mds USD
Dont 1,6 Mds déjà financés

La perte nette s’explique par des coûts d’intégration élevés (audit, juridique, amortissements) et des pertes sur instruments financiers.

  • Notons: soit un bénéfice de 7,7 millions de dollars pour l'ancienne CMB.TECH et une perte de 50 millions pour Golden Ocean.

 


🔄 Structure de la fusion

  • Date de clôture : 20 août 2025
  • Ratio d’échange : 0,95 action CMB.TECH pour 1 action Golden Ocean
  • Répartition du capital :
    • Actionnaires CMB.TECH : 70 %
    • Actionnaires Golden Ocean : 30 %
  • Cotation : Maintien sur NYSE et Euronext Bruxelles, ajout sur Euronext Oslo Børs



🧭 Stratégie et perspectives

  • Diversification : Réduction du risque cyclique grâce à une présence multi-segments (vrac, pétrole, chimie, offshore, conteneurs).
  • Décarbonation : Engagement fort dans les carburants alternatifs (NH₃, H₂), avec des livraisons de navires dual fuel dès 2026.
  • Optimisation post-fusion :
    • Projet de cession de 34 navires non stratégiques pour 1,1 milliard USD
    • Objectif : alléger la flotte, générer du cash, et renforcer les segments à haute valeur ajoutée
Après la fusion CMB.Tech  pourrait vendre des navires non essentiels et les plus anciens, notament les Kamsarmax et les Panamax, pour une valeur de plus d'un milliard de dollars. Ce qui pourrait aider à alléger certains de ses engagements d'investissement, mais aussi ouvrir la voie au  paiements de dividendes et au rachat d'actions.
CMB.Tech  pourrait éventuellement chercher à se débarrasser de sa flotte de navires de transfert d'équipage.

Le groupe est désormais l'une des plus grandes entreprises maritimes au monde, ce qui lui confère un avantage concurrentiel.

L'entreprise est bien positionnée pour la transition énergétique du transport maritime, avec un carnet de commandes solide et une stratégie axée sur les nouvelles technologies. 

Les perspectives du marché restent favorables pour le vrac sec et les pétroliers.

Le marché semble reconnaître cette orientation, comme le montre le ratio Valeur d'Entreprise/Ventes (EV/Sales) de CMB.TECH, qui est supérieur à la médiane du secteur. Cependant, le ratio Cours/Ventes (Price-to-Sales) reste en deçà de la médiane, ce qui suggère que l'action n'est pas surévaluée par rapport à ses pairs sur une base par action. 

Le P/NAV est de 0,6 soit une décote de 40%





⚠️ Risques et points de vigilance

  • Compression des marges : Hausse des coûts d’exploitation (OPEX, commissions, amortissements).
  • Exposition au spot : Forte dépendance aux taux de fret dans le vrac et le pétrole.
  • Réussite des cessions : Trouver preneur pour les navires plus anciens dans un marché incertain.
  • Intégration opérationnelle : Harmonisation des systèmes, des équipes et des cultures d’entreprise.

💰Valorisation

  Actuellement, le P/NAV (Net Asset Value) de CMB est de 0,68. Pour être satisfaisant, il devrait être au moins de 0,8, ce qui implique une augmentation de 18 %, un P/NAV de 0,9 correspond à une hausse du cours de 32 % et un P/NAV de 1 correspond à une hausse du cours de 47 %.

🧩 Conclusion

La fusion avec Golden Ocean propulse CMB.TECH au rang de leader mondial du transport maritime diversifié, avec une flotte moderne, une stratégie verte affirmée et une solidité financière renforcée. Le défi sera d’optimiser l’exploitation, de réaliser les synergies et de gérer les risques de marché sans compromettre la performance.


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