Analyse
Le marché des pétroliers semble se rapprocher d'une phase de reprise cyclique. Cette perspective positive est alimentée par plusieurs facteurs clés :
1. Dynamiques de l'offre et de la demande
- Production américaine en hausse : L'ouverture des États-Unis à l'Arabie saoudite et la volonté de l'administration Trump d'accroître la production pétrolière américaine, ainsi que celle du bassin atlantique, devraient stimuler l'offre de pétrole brut.
- Demande mondiale en croissance : La reprise économique mondiale, bien que fragile, devrait soutenir la demande de pétrole, en particulier dans les économies émergentes.
2. Contraintes sur la flotte de pétroliers
- Vieillissement de la flotte : Un nombre croissant de pétroliers atteindront l'âge de 25 ans dans les prochaines années, ce qui pourrait entraîner une réduction de la flotte mondiale, malgré une augmentation potentielle du nombre de tonnes-milles transportées.
- Flotte fantôme sous pression : La flotte fantôme, qui opère en marge des réglementations internationales, aura de plus en plus de mal à faire face à des sanctions et des contrôles plus stricts, ce qui pourrait limiter sa capacité à répondre à la demande.
3. Facteurs géopolitiques
- Exportations américaines de brut : L'administration Trump encourage activement les exportations de brut américain et devrait continuer dans cette voie.
- Pressions sur l'Europe et la Chine : Les États-Unis pourraient tenter de faire pression sur l'Europe et la Chine pour qu'elles achètent davantage de brut américain, au détriment de la Russie et de l'Iran, ce qui serait bénéfique pour les tonnes-milles.
4. Marges d'utilisation et potentiel de hausse
- Faibles marges d'utilisation : Les marchés du fret par pétrolier fonctionnent actuellement avec de faibles marges d'utilisation, ce qui laisse entrevoir une hausse potentielle des taux de fret.
- Confiance accrue dans le brut : Les acteurs du marché semblent accorder une plus grande confiance au secteur des pétroliers de brut, en particulier les VLCC (Very Large Crude Carriers).
5. Carnet de commandes modeste
- Croissance limitée de la flotte : Le carnet de commandes des pétroliers de brut est actuellement très modeste, ce qui suggère une croissance limitée de la flotte dans les années à venir. Les données montrent que la flotte de VLCC devrait connaître une croissance nulle cette année, tandis que la flotte d'Aframax ne s'agrandira que de 1 %.
6. Valeurs du transport maritime de pétrole
Plusieurs facteurs convergent vers une reprise cyclique du marché des pétroliers. La combinaison d'une offre de pétrole en hausse, d'une demande mondiale soutenue, de contraintes sur la flotte existante et de facteurs géopolitiques favorables pourrait entraîner une augmentation des taux de fret et une amélioration de la rentabilité des compagnies maritimes.
Cependant, il est important de rester prudent face aux incertitudes qui persistent, notamment en ce qui concerne l'évolution de la demande mondiale de pétrole et les tensions géopolitiques.
Mes articles sur le transport maritime
- CMB.TECH le futur du transport maritime
- Investir dans les flottes de pétroliers
- Le transport maritime pour l'investisseur Européen
- IMO 2020 dépollue le transport maritime
- Euronav surfe sur la vague
- Eléments de comparaison entre Euronav et Frontline
- Gaztransport & Technigaz (GTT): Le champion du gaz liquéfié
- Analyse de 2020 Bulkers
Bonjour Patrick,
RépondreSupprimerMerci pour le super article !
Quels sont tes valeurs préférées avec tes prix cibles ?
Karl
Hello Patrick,
RépondreSupprimerSur la partie Valeurs du transport maritime de pétrole, peux-tu ajouter tes prix cibles et upside ?
Bien à toi
Karl
Sur la base de la composition de la flotte,
SupprimerJe privilégie les pétroliers qui transportent essentiellement du brut, c'est-à-dire les plus gros, aux pétroliers qui transportent des produits, c'est-à-dire les plus petits.
Sur cette base, et à peu près dans l'ordre :
- Okeanis, mais norvégien et de plus petite taille.
- International Seaways Inc.
- Frontline Plc
- CMB.TECH NV, mais mutation en cours.
- Nordic American Tankers Ltd
- Teekay Tankers Ltd
Il est actuellement difficile de faire des prévisions, l'instabilité étant accrue par l'arrivée de Trump.
Mais une croissance de plus de +30 % me semble probable, voire un doublement.
Merci Patrick avec beaucoup de volatilité j'imagine !
SupprimerFrontline et international seat semblent bien positionnées.
A voir si la volatilité accrue va permettre de casser le canal haussier.
Karl
Torm le danois devient intéressant pourquoi il n'est pas dans ta sélection ?
SupprimerA te lire
Karl
Torm est une excellente société qui exploite une flotte de pétroliers de taille moyenne (LR2, LR1 et MR) pour le transport de produits raffinés.
RépondreSupprimerLe manque d'offres est beaucoup plus marqué pour les plus grands pétroliers (VLCC et Suez) qui transportent du pétrole brut. Je n'ai repris que les armateurs qui exploitent principalement ces deux types de navires.
Les 2 armateurs sont Frontline et Euronav ?
SupprimerVoici la liste mise à jour des armateurs avec le nombre de navires VLCC et Suezmax qu'ils exploitent :
SupprimerEuronav
VLCC : 40
Suezmax : 24
Frontline
VLCC : 19
Suezmax : 27
International Seaways
VLCC : 13
Suezmax : 10
DHT Holdings
VLCC : 24
Suezmax : 0
Teekay Tankers
VLCC : 1
Suezmax : 26
Vela International Marine
VLCC : 29
Suezmax : 0
Okeanis Eco Tankers
VLCC : 8
Suezmax : 6
Note : Okeanis Eco Tankers possède une flotte de 14 navires, composée de 8 VLCC et 6 Suezmax modernes équipés de systèmes d'épuration.
Nordic American Tankers
VLCC : 0
Suezmax : 20
Note : Nordic American Tankers exploite exclusivement des navires Suezmax, avec une flotte totale de 20 unités.
Du coup je ne comprends pas la sous performance de Euronav par rapport à Frontline et la surperformance de Frontline par rapport à tous ces armateurs.
Karl
Bonjour Patrick
SupprimerQu'en penses tu ?
A bientôt
Karl
Hello Patrick,
SupprimerFrontline et CMB TECH continuent de baisser malgré le sujet du canal de Panama et les sanctions Iran, Russie et Chine.
Les perspectives de reprises subsistent ?
A vite
Karl
Il ya d'autres paramètres
RépondreSupprimertel que l'âge moyen de la flotte ou encore le niveau de pollution, les navires les moins polluants obtiennent les meilleures routes, les mieux rémunérées.
Et comme pour les autres valeurs le sentiment des intervenants à la bourse.
La sous-évaluation de CMBt ex-Euronav est due à sa transition en un holding qui n'est plus seulement actif dans le transport du pétrole.
En général, le marché pétrolier connaît aussi des effets saisonniers, il commence à se tasser à la fin de l'hiver et reprend avant l'hiver qui suit.
Actuellement, le marché est confronté à bien des incertitudes Trump, Ukraine, Chine ...
La thèse d'investissement ne change pas le manque de nouveaux pétroliers, se fera encore sentir pendant quelques années.
Bonjour Patrick
SupprimerMerci pour ton retour.
Malgré l'achat du canal Panama par Black Rock les transporteurs continuent de fortement baisser.
N'est-ce pas pourtant une bonne nouvelle ?
A te lire
Karl
Hello Patrick
SupprimerTu sembles moins actif ces derniers temps sur ton blog.
Au Plaisir d'avoir de tes nouvelles.
Karl
Les tarifs douaniers et l'incertitude créée par Trump impliquent un ralentissement du commerce mondial et une baisse du transport maritime. Mais cela ne change en rien les perspectives à moyen terme.
RépondreSupprimerBonjour Patrick, merci pour ce panorama.Quelle différence faut il faire entre le transport de brut et de produits raffinés ? Je suis en reflexion d'investissement sur Scorpio Tankers qui opère une flotte recente de 99 navires (8 ans d'âge moyen) mais qui est essentiellement concentrée sur les produits raffinés.
RépondreSupprimerJ'ajouterai que :
SupprimerLa société a fortement rationnalisé sa flotte via des cession de navires intervenues au cours des derniers exercices, pour profiter d'un levier opérationnel pour les prochaines années.
Les cessions de navire ont également permis au groupe de se désendetter et de racheter une partie de ses actions (voir ci après).
Le gros point d'interrogation demeure le coût du fret maritime (TCE Fleet rate dans leurs préserntations), dont le cours spot est particulièrement volatile (voir ci après les différentes hypothèses dans l'analyse du FCF)
Au cours actuel (39 USD), la Market CAP s'élève à 1.8 Md USD
La dette nette (en très forte diminution) = 0.45 Md USD
Soit une VE de 2.3 Md USD
L'entreprise a modélisés l'évolution de son FCF/action en fonction de l'évolution du cout du frêt.
Sur la base d'un coût du fret à 30K USD journalier (ce qui est en phase avec l'historique), le FCF/action après remboursement de la dette s'élèverait à 12.5 USD ce qui offre un retour sur investissement de 4 ans sur la base de la VE actuelle.
Si le cours du frêt reste bas à 20 K$/jour, le FCF/Action budgété par le management s'élève à 5 USD (après service de la dette), ce qui sur la base du cours actuel. Le point mort de la société se situe autour de 12.5K€ journalier pour le cout du fret
Le Free Cash Flow moyen des 5 dernières années (cession de navires exclues) s'élève autour 450 Md USD soit 1/5 de la VE actuelle
L'entreprise ne me semble pas avoir gonflé ses FCF en réduisant ses CAPEX, au contraire les efforts en matières de maintenance et de mise aux normes environnementales et opérationnelles des navires ont été soutenues ces dernières années et phase avec le secteur.
Sur 10 ans le revenu est en croissance de 700 MUSD à 1.2 Md USD, malgré la réduction de la flotte opérée ces dernières années
Le niveau de MB autour de 60% avec une amélioration sensible ces derniers exercices
Le ratio de frais génraux/CA stable autour de 9%
Bonjour Mikael
SupprimerDifférence entre transport de brut et dee produits.
Le pétrole brut est du pétrole non transformé acheminé des zones de production vers les zones de rafinage.
Les produits raffinés (essence, diesel, kérosène, naphta, huiles lubrifiantes et autres dérivés du pétrole) sont transportés des zones de raffinage vers les zones de consommation.
Les produits sont soumis à des réglementations plus strictes en raison de leur plus grande volatilité et inflammabilité, ce qui entraîne des coûts supplémentaires.
Le transport du brut se fait sur des navires de plus grande taille (économie d'échelle) : VLCC, Suez pour autant que les ports puissent les accueillir, sinon ce sont des Aframax ou des Panamax.
Le transport de produits se fait par LR2, LR1, MR et Handysize. Les citernes sont segmentées (parfois une dizaine de compartiments) pour permettre le transport de plusieurs produits à la fois, sans contamination croisée.
Les plus gros pétroliers ne peuvent être construits que dans un plus petit nombre de chantiers navals, tandis que les plus petits par un plus grand nombre de chantiers navals, ce qui implique que le déficit de l'offre par rapport à la demande est plus important pour les plus grands pétroliers que pour les plus petits.
En conclusion, le transport de brut est moins coûteux que le transport de produits raffinés.
Bonjour Patrick,
SupprimerMerci pour votre réponse, je comprends mieux les enjeux entre ces 2 différents modèles.
Et je comprend donc mieux pourquoi Scorpio indiquait, par exemple, avoir fait des investissements concernant l'imperméabilité de ses cuves !
L'âge moyen de la flotte est un bon indicateur : plus il est bas, plus les coûts sont faibles, plus les normes environnementales sont respectées, plus les tarifs sont élevés. C'est notamment le cas pour les routes desservies par les navires les plus respectueux de l'environnement, et pour les ports les plus exigeants en matière d'environnement.
SupprimerLes tarifs du fret déterminent bien évidemment la rentabilité.
Les tarifs douaniers de Trump ont provoqué une baisse générale du secteur du transport maritime.
Les modes de transport maritime les plus touchés par la baisse du commerce international sont le transport de conteneurs et les Ro/Ro.
L'une des obsessions de Trump est de faire baisser le prix du pétrole. Pour satisfaire Trump les pays Arabes ont augmenté leur production de pétrole, ce qu'ils avaient toujours refusé sous l'administration Biden.
Si la production de pétrole augmente, les besoins de transport maritime augmentent également, ce qui est bon pour les armateurs de tankers.
Bien évidemment, l'augmentation des tarifs douaniers peut provoquer une baisse de l'activité économique, voire une récession.
Un autre bon indicateur est le P/NAV (Net Asset Value), c'est-à-dire la valeur de la flotte pétrolière. Il est possible de la calculer, mais un proxy comme le P/B est également valable il est actuellement de 0,6 pour Scorpio, ce qui est bas.
Scorpio est une excellente société et la baisse actuelle est une bonne opportunité pour l'investisseur patient.
Le précédent commentaire anonyme a été posté par moi même (désolé pour cet erreur)
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